Page:Multatuli - Max havelaar, traduction Nieuwenhuis, 1876.djvu/330

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des qualités rendant un orateur de tous points, compétent, c’est-à-dire, apte à juger de compétence.

D’ordinaire, une question intéressante n’attire l’attention que par la valeur publique de celui qui la traite, et non par sa propre valeur intrinsèque.

Celui-là, est presque toujours un spécialiste, et de préférence un ancien fonctionnaire, investi jadis de hauts pouvoirs dans les Indes.

Il s’en suit que le résultat d’un vote porte, en général, la couleur des erreurs, inhérentes à ces hauts pouvoirs.

Dès que cela se passe de la sorte, quand l’influence d’une telle spécialité n’est exercée que par un simple membre de la réprésentation nationale, comment voulez-vous qu’on sache où l’on va, quand la dite influence est soutenue par la confiance du Roi, qui se donne la peine de placer la spécialité en question à la tête de son ministère des colonies !

C’est un phénomène curieux, suite de notre indolence originelle, grâce à laquelle nous ne demandons pas mieux que de ne rien juger par nous-mêmes.

On s’en rapporte facilement aux gens qui savent se donner une apparence expérimentée, dès que cette expérience est puisée à une source étrangère.

Et voici pourquoi : l’amour-propre est moins froissé par une supériorité acquise dans des circonstances exceptionnelles ; tandis qu’à moyens égaux, il existe toujours une idée de concurrence, et partant de jalousie.

Un député renonce facilement à son opinion, dès que cette opinion se trouve combattue par un de ses collègues pouvant rendre un jugement plus juste que le sien, cette justesse n’étant pas attribuée à une supériorité personnelle, dure à accepter, mais