Page:Multatuli - Max havelaar, traduction Nieuwenhuis, 1876.djvu/332

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Un génie ne pourrait agir, avec notre ministère des colonies, constitué comme il l’est actuellement ; ce serait donc le moins acceptable de tous nos Gouverneurs-généraux.

Il ne serait donc bon à rien… comme le sont, du reste, la plupart des génies.

Il est peut-être à désirer que les vices que je viens de signaler, vue prise de la situation pathologique du malade, soient pris en considération par les personnes appelées à élire un nouveau Gouverneur-général.

En admettant même, que tous les hauts fonctionnaires chargés de remplir cette fonction importante soient intègres, intelligents, et possèdent la force de tête nécessaire pour apprendre ce qu’il leur est indispensable de savoir, je regarde comme un point capital, de les empêcher de se griser, de se croire des dieux, au commencement de leur gestion, et de ne pas se plonger dans un assoupissement apathique, aux derniers moments de cette même gestion.

J’ai raconté que Havelaar comptait, pour remplir ses devoirs si difficiles, sur l’assistance du Gouverneur-général, et j’ajoutais que cette espérance me paraissait le sublime de la naïveté.

Le Gouverneur-général attendait son successeur !… Il n’avait plus qu’une idée, jouir en Hollande d’un repos si prochain !

Nous allons voir tous les ennuis que ce penchant au sommeil causa, dans la division de Lebac, à Havelaar, et au Javanais Saïdjah, dont je me décide à vous raconter l’histoire monotone, monotone entre toutes.

Oui, monotone !

Monotone, comme la description de l’activité de la fourmi, qui doit hisser son contingent, aux provisions