Page:Multatuli - Max havelaar, traduction Nieuwenhuis, 1876.djvu/339

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a-t-il ajouté, » ont donc une année d’expérience de plus que vous ! »

Voilà comme il m’attrape !

Cela n’empêche pas que, tenant toujours à rester dans le vrai, il faut bien constater que Busselinck et Waterman connaissent peu les affaires, et ne sont que des gâte-métier.

Marie, aussi, ne sait plus où elle en est !

L’autre jour, c’était son tour de lecture, au déjeuner, et nous en étions à l’histoire de Loth, — ne s’est-elle pas arrêtée tout-à-coup, déclarant qu’elle ne voulait pas en lire plus long !

Ma femme, qui, tout comme moi, fait grand cas de la religion, s’est efforcée, le plus doucement possible, de lui persuader de m’obéir ; elle lui a dit qu’il ne convenait pas à une fille modeste d’être aussi entêtée !

Chansons ! Elle a eu beau dire, et beau faire ! Rien !

En ma qualité de père, et de chef de famille, je me suis mis à la gronder avec la plus grande sévérité.

Je lui ai dit que son entêtement nous gâtait notre déjeuner, et qu’un déjeuner manqué influe sur le reste de la journée.

Ce fut comme si je chantais, moi, aussi !

Elle poussa la chose si loin, qu’elle prétendit qu’elle se laisserait assommer plutôt que de poursuivre cette lecture.

Je l’ai punie. Elle a gardé la chambre trois jours, ne mangeant que du pain et du café.

J’espère que cette demi-abstinence lui aura fait du bien, et l’aura calmée !..

Pour que cette punition servît également à son amélioration morale, je lui ai ordonné de copier dix fois le chapitre qu’elle a refusé de lire.