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Page:Multatuli - Max havelaar, traduction Nieuwenhuis, 1876.djvu/351

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Celui de Saïdjah était peut-être bien le meilleur. Son jeune maître l’amadouait si bien par de douces paroles ! Et les buffles, tout comme les hommes, sont sensibles aux caresses, et aux flagorneries.

Quand Saïdjah arriva à l’âge de neuf ans, Adenda en avait six.

Ce fut à ce moment de leur vie, que ce second buffle fut enlevé aussi par le chef du district de Parang-Koudjang.

Réduit aux derniers expédients, le père de Saïdjah se vit forcé de vendre à un Chinois deux anneaux de rideau en argent que sa femme avait hérités d’un de ses parents.

Il en retira quarante francs avec lesquels il acheta un troisième buffle.

Les petits frères d’Adenda, ayant raconté que l’animal enlevé venait d’être conduit au chef-lieu, Saïdjah, qui était fort triste, demanda à son père, si en allant vendre ses anneaux, il ne l’avait pas aperçu.

Mais, son père refusa de lui répondre, craignant que ce buffle n’eût été abattu, comme on avait l’habitude de le faire pour tous ceux dont s’emparait le chef du district.

Il fit son possible pour consoler l’enfant, qui ne cessait pas de pleurer ; en pensant à son pauvre serviteur, et aux deux années qu’ils venaient de passer ensemble, c’est à peine s’il avait le courage de manger.

Cependant le nouveau buffle apprenait à connaître Saïdjah.

Il gagna bientôt son affection.

Le souvenir des absents s’efface vite de nos cœurs !

Quoique l’animal ne fût pas si fort que son prédécesseur ; quoique l’ancien joug fût trop large pour son cou, il se montrait docile, comme l’autre.