Page:Multatuli - Max havelaar, traduction Nieuwenhuis, 1876.djvu/359

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que le jour de son départ. Il serrait la fleur dans sa main, et de temps en temps, il la pressait sur son cœur.

Il avait vieilli beaucoup depuis trois jours ; il se demandait comment il avait fait pour rester si calme jadis ; Adenda était pourtant près de lui, elle lui parlait tous les jours ; tous les jours il la voyait, et lui parlait aussi !

Ah ! maintenant, si elle venait à apparaître, là, devant lui, quelle ne serait pas son agitation !

Il ne comprenait pas non plus, comment après lui avoir adressé son dernier adieu, il n’était pas revenu sur ses pas, pour la regarder encore une fois.

Il se rappelait même leur dernière dispute.

C’était peu de temps avant son départ.

Adenda avait filé une longue corde pour le cerf-volant de ses petits frères ; mais, un défaut, qui se trouva dans cette corde, fit perdre une gageure aux enfants de Tjipourout.

Lui, Saïdjah, se fâcha tout rouge.

Aujourd’hui, il se demandait comment, pour une si petite cause, il avait pu entrer, contre Adenda, dans une si furieuse colère.

Quand même elle aurait laissé un défaut dans la corde, et partant, quand même elle eût été cause de la perte de la gageure ; quand même ce déboire ne fût pas provenu de la malice, et de l’adresse du petit Djamien, qui, de derrière une haie avait lancé un gros morceau de verre contre le cerf-volant ; fallait-il se montrer si dur envers elle, et lui adresser des injures si violentes !…

— Si j’allais mourir à Batavia, se disait-il, sans lui avoir demandé pardon de ma dureté !…

Suis-je donc un homme assez méchant pour jeter