Page:Multatuli - Max havelaar, traduction Nieuwenhuis, 1876.djvu/364

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Est-il étonnant qu’il ne se cachât plus dans les haies du chemin, comme il le faisait trois ans auparavant, en apercevant l’équipage du préfet, lui qui venait d’admirer les grandeurs et les magnificences du Seigneur, résidant à Buitenzorg, bien plus puissant que le préfet, puisqu’il était le propre aïeul de l’Empereur de Sourakarta ?

Est-il étonnant qu’il ne prêtât pas grande attention aux récits de ceux, qui l’accompagnaient un bout de chemin, et qui parlaient de ce qui s’était passé à Bantan-Kidou ; qui lui racontaient comment la culture du café venait d’y être supprimée, après beaucoup de peines et d’efforts perdus ?

Que lui importait que le chef du district de Parang-Koudjang ait été condamné à quinze jours d’arrêt dans la maison de son beau-père, pour avoir volé sur la voie publique ?

Il lui importait peu que Badour ne fût plus chef-lieu, et qu’on l’eut remplacé par Rangkas-Betoung.

On lui apprenait qu’il y avait là un nouveau sous-préfet, vu que le précédent venait de mourir, peu de mois auparavant ; que ce fonctionnaire avait parlé de telle façon, dans la première séance du conseil ; que depuis quelque temps personne n’avait été puni pour avoir porté plainte ; enfin, qu’on espérait voir indemniser les cultivateurs dépouillés, et faire restituer tout ce qui avait été volé au peuple.

Non, les yeux de son âme contemplaient de plus beaux mirages.

Il cherchait à entrevoir, dans les nuages, cet arbre dont il était encore trop loin pour le toucher ; il était trop loin de Badour ! Il cherchait à saisir de ses mains frémissantes l’air, qui l’entourait, espérant