Page:Multatuli - Max havelaar, traduction Nieuwenhuis, 1876.djvu/366

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Il se mit à chercher dans les ténèbres, il fouilla, il toucha plusieurs troncs d’arbres.

Enfin, sur une des faces d’un arbre, regardant le Sud, il sentit une rugosité bien connue. Il mit le doigt dans une fente, taillée autrefois par Si-Panteh.

Ce dernier avait creusé cette fente pour conjurer le mauvais esprit, qui faisait souffrir sa mère d’un affreux mal de dents, peu de temps avant la naissance de son plus jeune frère. »

C’était lui ! c’était l’arbre que Saïdjah cherchait !

Oui, c’était bien l’endroit, où pour la première fois il avait vu Adenda d’un œil plus sympathique que ses autres petits camarades ; c’était là, qu’un matin, elle avait refusé de prendre part à un jeu qu’elle jouait presque tous les jours avec tous les autres enfants, filles et garçons.

C’est là qu’elle lui avait donné le jasmin !

Il s’assit au pied de l’arbre, et leva les yeux vers les étoiles.

Quand une d’entre elles filait, il se disait : en voilà une qui salue mon retour à Badour !

Il se demandait si Adenda dormait, et si elle n’avait pas manqué de faire les entailles convenues dans son billot à piler le riz…

Il ne se consolerait pas si elle en avait oublié une !…

Trente six pourtant !.. n’y en avait-il pas assez !

Avait-elle tissé, et brodé de belles tuniques ?

Il se demandait aussi qui pouvait bien demeurer dans la maison de son père.

Sa jeunesse lui revenait à la pensée…

Il se rappelait sa mère, et il voyait encore le moment où son buffle l’avait sauvé des griffes du tigre, et il se demandait ce que serait devenue