Page:Multatuli - Max havelaar, traduction Nieuwenhuis, 1876.djvu/389

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sur cet empoisonnement ? Serait-ce là la cause de ce que j’appelle ordinairement : votre demi-caractère ?

— Oui.

— Écrivez-moi encore ça. Dipanon obéit.

Naturellement, comme les autres, j’ai cet écrit sous les yeux.

— C’est bien ! dit Havelaar, j’en sais assez, maintenant !

Dipanon put se retirer.

Quant à Havelaar, il sortit de la maison, et il s’en alla jouer avec le petit Max qu’il embrassait avec un redoublement de tendresse.

Lorsque madame Sloterin fut partie, il renvoya l’enfant, et il appela Tine dans sa chambre.

— Ma chère Tine, lui dit-il, j’ai une prière à t’adresser. Je désire, qu’aujourd’hui même, tu partes pour Batavia, avec le petit Max. Aujourd’hui, tu m’entends, aujourd’hui je mets le Prince-Régent en état d’accusation.

Elle lui sauta au cou, mais, pour la première fois, elle lui désobéit, sanglotant et criant :

— Non… non… Max !. Cela, je ne le ferai pas !… Je ne peux pas le faire… Ensemble, nous vivrons et nous mourrons !.. Je mangerai ce que tu mangeras ! Je boirai ce que tu boiras !

Havelaar avait-il tort, en prétendant que sa Tine n’avait pas plus le droit de se moucher que les femmes d’Arles.

Il se mit à son bureau, et, peu après, il expédiait la lettre dont je donne ici la copie.

Après avoir raconté les circonstances dans lesquelles cette lettre fut rédigée je ne crois pas nécessaire d’appuyer pour que le lecteur fasse attention à la