Page:Multatuli - Max havelaar, traduction Nieuwenhuis, 1876.djvu/412

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déjà rendu hommage à la vérité par votre témoignage écrit ! Par écrit ? Oui, puisque ce témoignage se trouve déposé, là, sur la table, sous la main même de Havelaar !

Havelaar répondit :

— Monsieur le préfet, c’est moi, qui suis sous-préfet de Lebac ; c’est moi, qui ai promis de protéger la population contre les mauvais traitements et les abus ! c’est moi, qui accuse le Prince-Régent et son gendre, de Parang-Koudjang ! C’est moi, qui soutiendrai mon accusation dès qu’on m’en aura donné les moyens que je réclame dans mes lettres !… c’est moi, qui suis coupable de calomnie, si cette accusation est portée à faux !

Ah ! que Dipanon respira librement !

Quant au préfet il trouva la réponse de Havelaar stupéfiante !

L’entretien dura long-temps.

Le préfet insista auprès de Havelaar avec une grande politesse, — car, il était grandement poli, et très bien élevé le sieur Filandré, — pour le faire renoncer à des principes aussi pervers ; mais, avec une politesse pour le moins égale, celui-ci demeura inébranlable.

Le résultat de toutes ces conversations fut que le préfet céda, bien contre son gré, et lança, en forme comminatoire, une phrase dans laquelle il se voyait contraint de mettre les lettres en question sous les yeux du Gouvernement.

Cette menace n’était pas autre chose qu’une victoire pour Havelaar.

On leva la séance.

Le préfet s’en alla rendre visite au Prince-Régent ; — nous nous doutons bien de ce qu’il y fit.