Page:Multatuli - Max havelaar, traduction Nieuwenhuis, 1876.djvu/411

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rance au sujet des lettres écrites par Havelaar, — et en cela il disait vrai, — le préfet se vit bien forcé de les lui communiquer.

Ce que Dipanon souffrit en écoutant cette lecture est impossible à décrire !

C’était un honnête homme, et il n’aurait pas menti, si Havelaar l’avait appelé en témoignage, pour confirmer le contenu de ses lettres.

En laissant de côté son honnêteté, lui-même, dans quelques uns de ses rapports écrits, il s’était vu parfois dans l’obligation de dire la vérité, et une vérité souvent dangereuse.

Pouvait-il donc blâmer Havelaar d’en avoir fait usage !

La lecture des lettres terminée, le préfet déclara qu’il lui serait agréable de voir Havelaar reprendre ces pièces, et, que cela fait, pour son compte, il les considérerait comme non avenues.

Havelaar refusa avec politesse, mais en même temps, avec une inaltérable fermeté.

Après avoir essayé vainement de le faire entrer dans ses vues, le préfet ajouta qu’il ne lui restait plus qu’à ouvrir une enquête pour constater la solidité des plaintes portées contre le Prince-Régent.

Il demanda donc à Havelaar de convoquer les témoins en mesure de soutenir et de prouver son accusation.

Pauvres gens, qui vous êtes blessés aux ronces du ravin, comme vos cœurs auraient tristement battu, en entendant cet ordre, donné à Havelaar par son préfet !

Pauvre Dipanon ! Vous, le premier témoin ! Vous témoin principal ! témoin d’office, témoin en vertu de vos fonctions et de votre serment ! Témoin ayant