Page:Multatuli - Max havelaar, traduction Nieuwenhuis, 1876.djvu/437

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Havelaar attendit ce soir-là. Il attendit toute la nuit.

Il espéra un moment que le ton de sa lettre lui ferait obtenir l’audience qu’il avait sollicitée vainement par les voies de la douceur et de la patience.

Son espoir fut déçu.

Le Gouverneur-général s’embarqua sans avoir entendu Havelaar…

Encore une fois, une Excellence venait de se retirer pour vivre, en repos et en paix, dans la mère-patrie !

Et Havelaar errait pauvre, délaissé !

Il cherchait

Assez ! mon bon Stern ! Moi, Multatuli, je prends la plume.

Vous n’êtes pas appelé à écrire la biographie de Havelaar.

Je vous ai mis le pied dans la vie… je vous ai fait venir de Hambourg… je vous ai appris le hollandais en peu de temps, et passablement… je vous ai laissé embrasser Louise Rosemeyer, qui fait dans les sucres.

C’est assez, Stern ! vous pouvez vous en aller !…

Cet Homme-au-châle… avec sa femme !…

— Oui ! en voilà assez ! halte là !

Misérable mélange de basse avarice, et de cagoterie sacrilège, je vous ai créé ; vous êtes poussé, et devenu monstre sous ma plume ! Ma propre création me dégoûte ! Disparaissez dans le café d’où je vous ai tiré !

Oui, moi, Multatuli — qui ai supporté tant de choses, — je prends la plume.

Je ne demande pas pardon pour la forme de mon livre.