Page:Multatuli - Max havelaar, traduction Nieuwenhuis, 1876.djvu/438

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Cette forme est la mienne, elle m’a paru propre au but que je me proposais.

Ce but est double.

D’abord, j’ai voulu donner la vie à quelque chose, qui puisse être conservé comme un héritage sacré par le petit Max et sa petite sœur, quand leurs parents seront morts dans la misère !

J’ai voulu donner, de ma main, des titres de noblesse à ces enfants.

Ensuite : je veux être lu. Oui, je veux qu’on me lise !

Je veux être lu par les hommes d’État, qui sont obligés d’étudier les signes de leur temps… par les hommes de lettres dont le devoir est de jeter les yeux sur un livre dont on dit tant de mal… par les commerçants, qui sont intéressés dans les ventes de cafés… par les femmes de chambre, qui me loueront pour deux ou trois sous… par les Gouverneurs-généraux en retraite… par les ministres en activité… par les valets de chambre de ces Excellences… par les missionnaires, qui selon l’antique usage, diront que j’attaque le Dieu tout puissant, là où je me révolte et me soulève contre un dieu, fait à leur image… par les membres de la représentation nationale, qui doivent savoir ce qui se passe dans le grand empire, qui, au-delà des mers, appartient au Royaume de Hollande.

Oui, je serai lu !

Si ce but est atteint, je serai content.

Je me soucie peu de bien écrire !

J’ai voulu tout simplement m’exprimer de façon à être compris, comme un homme, qui criant : au voleur ! se moque bien de le crier en bon français, et ne cherche pas les mots qu’il jette au public.