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LE DERNIER JOUR DES HOLLANDAIS, À JAVA,


PAR


SENTOT.


Nous foulerez-vous encore longtemps sous vos pieds,
Pour remplir vos coffres-forts de nos sueurs !
Et sourds à la voix de la justice, et de la raison,
Forcerez-vous toujours notre paisible sang à bouillonner contre vous ?

Que le buffle, alors, nous serve de modèle,
Lui, qui, poussé à bout, aiguise ses cornes,
Jette en l’air son maître barbare,
Et l’écrase sous son pied lourd !

Alors, que le feu de la guerre réduise en cendres vos champs,
Que la vengeance roule et éclate, des montagnes aux vallées,
Que vos palais se dispersent en fumée,
Et que l’espace frissonne, et retentisse de l’écho des massacres !

Alors, le cris de terreur de vos femmes
Caresseront nos oreilles,
Alors, nous entourerons gaîment
Le chevet de votre tyrannie !

Alors, nous mettrons vos enfants en lambeaux,
Et dans leur sang se désaltéreront les nôtres.
Pour que la dette séculaire soit payée,
Avec intérêt, avec usure.

Et, quand le soleil descendra à l’horizon,
Dans un immense nuage de sang,
Il recevra dans le râle des mourants
Le dernier saint, l’adieu hollandais !

Et quand le voile de la nuit,
Aura enveloppé la terre fumante,
Quand la hyène fouillera les monceaux de cadavres,
Et qu’elle les rongera, les dévorera, et boira leur sang ;