Page:Multatuli - Max havelaar, traduction Nieuwenhuis, 1876.djvu/64

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

livre. Le lendemain, Stern s’attelait à son premier chapitre, et voilà, lecteur, comment il se fait que je puis répondre victorieusement aux gens qui demandent, de quel droit, un commissionnaire en cafés, — Last et C°., Canal des Lauriers, n°. 37 — se permet d’écrire un livre, ressemblant à un roman.

Mais à peine Stern avait-il commencé son travail, qu’il se heurtait à des obstacles insurmontables. Outre la difficulté d’assortir, et de coordonner un si grand nombre de matériaux, les manuscrits contenaient, à tous bouts de champs, des mots et des expressions que Stern ne comprenait pas. Vous dire que je ne les comprenais pas davantage, est inutile. Le plus souvent, c’était du javanais ou du malais. Il y avait aussi, par-ci par-là, des abréviations, difficiles à déchiffrer. Je m’aperçus que nous avions besoin de l’Homme-au-châle, et trouvant mauvais qu’un jeune homme s’engageât dans des relations dangereuses, je ne voulus y envoyer ni Stern, ni Frédéric. Je pris quelques bonbons, restes de la dernière réunion, — je pense toujours à tout, — et je me rendis à son logis. Ce n’était pas brillant, mais l’égalité est une chimère tant pour les hommes que pour leurs domiciles. C’est l’Homme-au-châle lui-même qui a dit cela dans son discours sur le droit au bonheur. Du reste, je n’aime pas les gens qui broient constamment du noir.

C’était une chambre, donnant sur le derrière, rue longue-transversale-de-Leyde. Le sous-sol était occupé par un brocanteur, qui vendait de tout, tasses, soucoupes, meubles, vieux livres, verreries, portraits de van Speyk, et le reste. Je craignais fort de casser n’importe quoi ; en semblable occurrence, les marchands demandent toujours le double du prix du