Page:Multatuli - Max havelaar, traduction Nieuwenhuis, 1876.djvu/74

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planer entre ciel et terre, pour avoir la satisfaction d’esquisser exactement la beauté du paysage, ou les détails du bâtiment, qui semble avoir été élevé là-bas pour donner lieu à une exposition multipage de l’architecture du moyen-âge. Tous ces châteaux-là se ressemblent. Ils sont invariablement d’une architecture hétérogène. Le corps de logis est toujours antérieur de quelques règnes aux appendices, qui sous l’un ou l’autre des Rois successeurs, y ont été ajoutés. Les tours sont en ruine…

Il n’y a pas de tours, lecteur ! Une tour, c’est une idée, c’est un rêve, c’est un idéal, c’est une fiction, prétentieuse, insupportable. Il n’y a que des « demi-tours », et des « tourelles ». Voilà tout.

Le fanatisme qui crut devoir placer des tours sur des monuments à ériger en l’honneur d’un saint quelconque, ne dura pas assez longtemps pour les achever ; et la pointe, qui doit attirer l’œil des croyants vers le ciel, se trouve ordinairement placée sur la base massive, trop basse de deux étages. Ce qui fait penser à l’homme sans cuisses de la foire. Seules, les tourelles, les petites flèches, à l’usage des églises de village, sont achevées.

Il n’est pas flatteur pour la civilisation occidentale, que la conception d’un chef-d’œuvre se soit rarement maintenue assez longtemps pour le voir achevé. Je laisse là les entreprises, dont l’achèvement fut nécessaire pour en couvrir les frais. Celui qui veut se rendre compte de mon idée, n’a qu’à aller visiter la cathédrale de Cologne. Qu’il se représente le plan grandiose de cet édifice tel que l’avait conçu l’architecte… qu’il pense à la foi de la nation, qui fit commencer et continuer une telle œuvre…