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se faisait représenter, comme suzeraine féodale, par des résidents à la cour des princes indigènes encore régnants. Depuis que les princes indigènes régnants ont disparu, les résidents sont devenus administrateurs, gouverneurs provinciaux, ou préfets. Leur sphère d’activité a changé, mais non leur titre.

Ce sont ces Résidents qui représentent réellement le gouvernement hollandais vis-à-vis de la population javanaise. À Batavia, le peuple ne connaît ni Gouverneur-général, ni Conseillers des Indes, ni Directeurs. Le peuple ne connaît, que le Résident et les employés qui administrent en son nom.

Une Résidence ou préfecture, — il en est qui contiennent presqu’un million d’âmes, — se partage en trois, quatre, ou cinq sous-résidences, sous-préfectures, ou Régences, à la tête desquelles sont placés des sous-préfets. Sous leur direction fonctionnent des contrôleurs, des inspecteurs et de nombreux agents occupés à la perception des contributions, à la surveillance de l’agriculture, à la construction de bâtiments, aux travaux hydrauliques, à la police, et à l’administration de la justice.

Dans chaque sous-préfecture ou régence, le sous-préfet a pour adjoint un chef indigène qui porte le titre de Régent. Ce Régent appartient toujours à la première noblesse du pays, et souvent à la famille des princes jadis règnants ; aujourd’hui ses fonctions et sa position sont tout-à-fait celles d’un employé salarié.

Il est politiquement habile de tirer ainsi parti de l’antique pouvoir féodal qui, en Asie, est généralement d’une haute importance, vénéré religieusement comme il l’est par la plupart des tribus. En nommant ces chefs-là fonctionnaires, on s’est créé une sorte de hiérarchie au sommet de laquelle se trouve le gouver-