Page:Multatuli - Max havelaar, traduction Nieuwenhuis, 1876.djvu/85

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Mais des étrangers, venus de l’Occident se sont emparés du pays. Désirant exploiter la fertilité du sol, ils ont ordonné à l’habitant de sacrifier une partie de son travail et de son temps à des cultures plus avantageuses sur les marchés de l’Europe. Pour y contraindre l’homme du peuple, il leur suffit d’un procédé très simple. Le peuple, étant soumis à ses chefs, on les a gagnés en leur promettant une partie du gain,… aussi l’affaire a-t-elle parfaitement réussi.

Quand on considère la quantité énorme de produits javanais vendus à l’encan en Hollande, on peut se convaincre du plein succès de cette politique, tout en la désapprouvant.

Vous allez me demander si l’agriculteur jouit d’une rétribution proportionnée à ses travaux ? Non ! Sur son propre terrain le paysan est forcé de cultiver les produits qui conviennent au gouvernement ; il est puni s’il vend sa récolte à tout autre qu’au gouvernement, qui en fixe lui-même le prix de revient.

Les frais de transport en Europe, par l’intermédiaire d’une société privilégiée de commerce, sont considérables. Les primes payées aux chefs pèsent en outre sur le prix d’achat ; et, comme de toutes façons, l’affaire doit donner des bénéfices, ce résultat n’est guère possible qu’à la condition de ne payer aux Javanais que le strict nécessaire pour ne pas mourir de faim, ce qui n’est pas de nature à augmenter la force productive de la nation.

Aux fonctionnaires européens, revient aussi comme rétribution, une quote-part des produits payée en espèces.

Bien que le pauvre Javanais soit frappé à coups redoublés ; bien qu’il soit arraché souvent à ses champs