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PAR L’ARÊTE DU MOINE

enveloppa dans une obscurité dense et noire. À 4 h. mat. environ, cette obscurité commença à devenir lumineuse, et vers 5 h. le mur opaque dont nous étions entourés émit suffisamment de lumière pour nous permettre de procéder au thé et autres apprêts alimentaires. Encouragés par les plaisirs variés que donne toujours un déjeuner sous les auspices de Hastings, nous décidons que le temps ne sera pas aussi mauvais qu’il en a l’air ; il était de la plus profonde évidence qu’en aucune façon il ne pouvait être pire. En conséquence, nous nous proposons d’atteindre le glacier, avec la chance que le soleil et le vent balaient tous ces brouillards errants.

La recherche des piolets et des sacs fut des plus difficiles, il était impossible de voir à 2 mètres de son nez. Vraiment, en dehors de Londres, notre grande et glorieuse métropole, juste source d’orgueil britannique, je n’ai jamais eu l’heur de tâtonner dans une atmosphère plus épaisse et plus complètement opaque. Après avoir escaladé de nombreuses pierres, nous arrivons au glacier, et, essayant de trouver notre route à travers quelques crevasses, nous atteignons une pente de neige ayant l’air de continuer, et qui, faute d’indications contraires, doit nous conduire dans la bonne direction. Arrivés là, Collie suggère sagement l’idée d’une pipe ; nous nous accroupissons sur la neige et nous arrivons bien vite à la conclusion que, dans certaines circonstances, l’alpinisme lui-même n’est que vanité des vanités. Fermement appuyés sur ce dicton de l’antiquité, Collie et moi exprimons notre détermination irrévocable de ne nous lever que pour descendre. Mais Hastings, un contempteur du tabac, partant tout il fait dégénéré, Hastings est insensible aux arguments qu’oppose à nos jambes fatiguées une pente de neige rapide et fondante, Hastings est résolu à continuer l’ascension.