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LE BEZINGI VSER

deux jours auparavant, nous attaquons un petit glacier remontant à une ouverture située à quelques centaines de mètres plus loin du Shkara et peut-être à 150 mètres plus haut que notre col[1]. Son accès est beaucoup plus facile pour un Tartare chargé et sa descente sur le côté de Hezingi est admirablement disposée pour une glissade.

Comme nous atteignons la crête, une furieuse rafale de vent vient nous ensevelir dans un nuage de neige glacée et d’aiguilles de glace, arrachées des pentes situées derrière nous. Nous fuyons devant son choc irrésistible, et, glissant, courant, culbutant, nous sommes jetés sur le glacier en dessous de nous. Arrivés sur la moraine, qui court comme un sentier le long de sa rive, le porteur se décharge de son bois et le fagot est soigneusement caché sous une grande pierre. L’orage, pendant ce temps, avait enveloppé toutes les arêtes dans une masse de nuages sales et d’un vilain aspect. Des grondements de mauvais présage et des coups de tonnerre longuement répercutés partaient d’une obscurité impénétrable, annonciateurs de l’arrivée prochaine de la pluie. Nous nous hâtons le long de la moraine, quand je dis nous, il s’agit de Zurfluh et de moi ; car nous apercevons toujours notre Tartare assis sur un rocher, semblant nous attendre, tant il peut facilement dépasser les représentants des Alpes ! c’est hors d’haleine que nous faisons la courte montée qui précède l’oasis de gazon où est dressé notre camp, et à ce moment même une trombe d’eau se jette sur nous.

Dans les Alpes il n’y a pas grand inconvénient à être mouillé mais il n’en va pas de même dans le Caucase pendant un mauvais temps établi. Le seul moyen de faire sécher ses habits est, en effet, de les suspendre aux cordes

  1. Se reporter à l’illustration de la page 256. — M. P.