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QUELQUES COLS CAUCASIENS

de la tente, ou de les étaler sur des rochers chauffés par le soleil, méthodes également inapplicables durant la pluie.

Aussi nous congratulons-nous vivement de notre retour très opportun. Nous procédons alors à vérifier le dépôt des provisions. Il est évident qu’un voyage à nos approvisionnements de Tubeneli en quête de biscuits, chocolat, thé et soupes, devient nécessaire. Le Tartare, toujours de bonne humeur, nous dit qu’il est prêt à partir, et nous le voyons disparaître aussitôt au milieu du déluge. Pendant ce temps, le berger du pâturage opposé, dans le but désirable de nous fournir de côtelettes d’agneau, affilait son poignard sur une pierre à repasser que le soigneux Zurfluh avait apportée de Suisse. La malheureuse victime, banquet désigné, était encore en train de brouter le gazon luxuriant, sans plus s’inquiéter de la pluie torrentielle et de la sentence qui la menaçait à courte échéance.

Pendant l’après-midi, un sérieux défaut dans notre tente Whymper se révéla. À chaque bout, dans ce genre de tente, il se trouve un petit trou dans le toit, à travers lequel passe le piquet supportant la toile. Bien que ces trous fussent très petits, la pluie tombait en tels torrents, qu’il en passait assez à travers les joints pour former deux mares sur notre plancher imperméable. Pour drainer ces mares, il fallut faire des trous dans ce qui nous servait de plancher, mais alors dans l’étroit espace disponible, nous avions l’inconvénient d’avoir deux régions humides inhabitables. Zurfluh, dans un moment d’inspiration, sauta dehors, au milieu du déluge, et plaça un brodequin sur chacun des deux bâtons. Cette ingénieuse combinaison nous redonna un confort relatif.