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Page:Mummery - Mes escalades dans les Alpes.djvu/356

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QUELQUES COLS CAUCASIENS

La nuit, noire comme de l’encre, était éclairée par huit torches éblouissantes faites d’éclats de sapin. Dans la longue procession figurait un samovar fumant, et nous remarquions avec satisfaction un large panier, dans lequel les yeux de la foi et ceux de la faim découvraient beaucoup de bonnes et nourrissantes choses. Pendant que nous avancions, quelques jeunes gens aux pieds légers furent détachés de la caravane dans la nuit noire. Ces jeunes gens, nous le découvrîmes plus tard, avaient été dépêchés en quête de pain russe, de beurre frais, et de lait, friandises que les indigènes savaient devoir être appréciées par les habitants de l’Ouest aux brodequins ferrés. À la fin de cette promenade un peu allongée nous atteignons la maison des hôtes et nous voyons que l’un des jeunes gens aux pieds légers nous y a précédés et y a déjà allumé un feu flamboyant. Les flammes dansantes de ce feu bienvenu tombent sur les faces étranges et les curieux vêtements de nos hôtes, pendant que des ombres noires et étranges règnent dans les recoins éloignés et jettent un agréable voile derrière lequel les naturels plus jeunes ou plus timides vaquent aux soins du ménage.

Du thé, des gâteaux azymes et des œufs nous sont immédiatement servis, puis, à l’arrivée de divers jeunes gens hors d’haleine, du lait frais, du beurre et du pain sans levain. Durant le repas, nous apprenons que les femmes de la famille du Starshina sont en train de préparer un banquet d’une magnificence plus compliquée. Sachant par expérience que ce banquet sera probablement prêt aux environs de une heure du matin, nous demandons au Starshina de nous excuser, alléguant la fatigue et le besoin de sommeil. Un des jeunes gens aux pieds légers se précipite dans la nuit et arrive, je pense, à arrêter les