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LE COL DE ZANNER

apprêts culinaires pour permettre aux femmes de se livrer à leur premier sommeil. Divers préparatifs sont faits pour nous assurer tout le confort ; la foule des visiteurs est rejetée dehors sans cérémonie ; les mystères des verrous et des barres de fermeture nous sont expliqués ; des adieux corrects nous sont faits et nous sommes alors laissés à notre repos bien gagné.

Le soleil luit déjà à travers les volets quand des coups timides sont frappés à la fenêtre et nous font lever. Nous sortons de nos couvertures et nous ouvrons la porte : un déjeuner nous attend dans la véranda. La maison des hôtes est magnifiquement située, assez loin du village et dans un endroit ouvert, un vrai parc. De splendides arbres et des eaux murmurantes nous environnent pendant qu’au delà se dresse la grande pyramide blanche du Tetnuld. De l’autre côté la crête rocheuse de l’Ush-ba se montre juste au dessus des arêtes inférieures. Les rais de soleil, se trémoussant à travers les feuilles, suggèrent une ravissante sensation de fraîcheur et de home, sensation qui est encore accentuée plus tard par un délicieux plongeon dans le ruisseau voisin. Je reviens et je rattrape alors Zurfluh dans les attentions qu’il prodigue aux bonnes choses que nous a fournies notre hôte.

Nos quartiers sont tellement tentants que, après le déjeuner, nous dépêchons le Tartare pour acheter du poulet, du pain, des œufs, des pommes de terre et autres ressources luxueuses que peut fournir Mujal. Pendant ce temps, un indigène qui connaît quelques mots de français se présente et vient nous chanter les merveilles de l’Ush-ba et les richesses de la vallée d’Ingur. Mais comme notre plan est de passer à Chegem, nous députons notre ami pour engager deux porteurs qui puissent nous amener au