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XXXVII
A. F. MUMMERY

nous avaient accueillis de leur bienvenue étaient dépouillées même de leur feuillage. Les saulaies maintenant s’élançaient nues, leurs branches sans feuilles dressées dans l’air froid, soupirant des plaintes de deuil au souffle du vent glacial, et les rhododendrons étaient poudrés de neige. L’hiver était venu, comme les bergers Chilas nous en avaient avertis, un mois seulement auparavant ; et le contraste était encore rendu plus sensible par la comparaison avec la température de près de + 38° à l’ombre que nous venions de trouver à peu de kilomètres plus bas le long de l’Indus.

« Hastings et moi nous nous rendîmes compte que toute tentative d’exploration sur les glaciers supérieurs était hors de question. Nous remontâmes le glacier jusqu’à mi-chemin du camp supérieur où les provisions avaient été trouvées intactes ; mais même là le terrain se trouvait ouaté de près d’un pied de neige ; finalement, à travers une épaisse neige en poudre, nous ascensionnâmes 150 mètres environ sur le versant méridional, pour jeter un dernier regard sur la vallée dans laquelle Mummery, Ragobir et Goman Singh avaient trouvé la mort. Les avalanches croulaient avec un bruit de tonnerre le long de la face du Nanga Parbat, remplissant l’air de leur poussière ; et, quand même rien d’autre ne nous eût interdit toute pénétration dans la forteresse de ce pays de montagne, froid, triste et couvert de neige, elles nous donnaient à haute et intelligible voix l’ordre de partir. Lentement