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Page:Mummery - Mes escalades dans les Alpes.djvu/391

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DE L’ALPINISME

sur une longue pente de glace, agit sur l’homme de façons totalement différentes. Pour quelques-uns il actionne et aiguise simplement leurs facultés ; il ne fait que les assurer et les rendre plus fermes sur leurs marches ; pour d’autres il apporte la dépression et l’épuisement. On comprendra qu’il est parfaitement désagréable d’avoir un compagnon qui, au moment où vous pensez qu’il prend intérêt à l’ascension, vous informe soudain qu’il ne sait plus s’il pourra se tenir sur les marches, que ses genoux tremblent, et qu’il s’attend à glisser d’un moment à l’autre. À de pareils moments, si vous n’avez pas eu une forte éducation religieuse, rien ne pourra vous empêcher de jurer en choisissant les termes les plus énergiques en même temps que les plus soulageants. Vous me direz qu’un homme de cette trempe ne devrait pas grimper ; mais comment saura-t-il qu’il est affecté de cette façon par la montagne, s’il ne l’a pas encore parcourue ? Un homme ne pourra jamais connaître ses capacités, qu’il ne les ait essayées ; et c’est cette preuve qui comporte un risque. Il ne lui servira pas d’aller sur un terrain où une glissade n’entraînerait rien de sérieux ; aussi longtemps que ce sera le cas, il peut être aussi bon et même meilleur que ses compagnons. C’est la connaissance même qu’il tient la vie de la caravane dans ses mains qui le fait se maîtriser et se vaincre, et non pas les difficultés techniques de la pente, qui, pour un homme qui a de bonnes marches taillées sous lui, peuvent n’être pratiquement rien du tout.

Tous ces dangers influencent beaucoup plus le novice que le vieil habitué de la montagne. Ceux qui ont appris le métier, et ont passé quinze ou vingt étés dans les Alpes connaissent leur façon de sentir et leurs faiblesses ; ils sont assurés d’être toujours en alerte. Les dangers