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Page:Mummery - Mes escalades dans les Alpes.djvu/392

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PLAISIRS ET PÉNALITÉS

auxquels sont sujets ces anciens proviennent principalement et en premier lieu des « courses nouvelles ». On ne peut plus trouver de premières ascensions dans les Alpes que sur des faces non encore escaladées, et le montagnard sait ordinairement que s’il atteint le sommet il pourra en descendre par une route facile et bien connue. La tentation de persévérer dans l’ascension, spécialement si l’on a déjà fait quelque formidable passage, devient extrêmement grande, et une caravane peut être poussée en avant par la crainte de la retraite. Cette crainte ne devrait pourtant jamais entrer en ligne de compte ; elle peut entraîner les grimpeurs au milieu de difficultés d’où ils n’ont ni le temps de se tirer ni l’habileté nécessaire pour le faire. Si un passage ne peut pas être redescendu il ne devrait jamais être escaladé.

Un danger similaire et encore plus trompeur se trouve dans les ascensions matinales de couloirs, qui, quoique parfaitement sûrs à cette heure de la journée, sont connus pour être dans l’après-midi sujets aux avalanches et aux chutes de pierres. Qu’une cause imprévue arrête la caravane dans le haut de la montagne et il ne se trouve plus aucune ligne sûre de retraite. Par exemple, quand MM. Lammer et Lorria, déjoués par les rochers verglassés de la face Ouest du Cervin, furent forcés de revenir sur leurs pas, ils trouvèrent le grand couloir balayé sans cesse par les chutes de pierres et de neige. Persistant malgré cela dans la descente, ils furent emportés par une avalanche, et, bien que par une extraordinaire chance ils aient l’un et l’autre échappé, ils n’en furent pas moins sérieusement blessés[1]. À moins donc que le grimpeur ne

  1. En 1881, Voy. An Accident on the Matterhorn in 1887, in-8 de 4 p., tirées à part du St-Moritz Post, Samaden 1888, et une série de notes parues dans l’Alpine Journal, XIII, p. 399-400, 468, 470, 550-53. — M. P.