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LE CERVIN

dessus de la précédente et comme elle visible de Zermatt, nous nous arrêtons quelques minutes et nous apprêtons à faire une rapide traversée. Jusque-là nous n’avions pas été exposés à la ligne de tir des chutes de pierres, mais maintenant nous nous trouvions obligés de sortir de notre couvert et de passer par les baguettes d’une foule de glaçons et de pierres que la tempête arrachait des murailles supérieures. Il était extrêmement difficile d’éviter ces projectiles, à cause de la façon dont le vent les jettait hors de leur route normale et apportait précisément au milieu de notre caravane ceux qui semblaient devoir tomber devant nous. Après l’avoir échappé belle plus d’une fois, nous tendons vers un point quelque peu abrité par un avancement supérieur. Burgener tourne droit sur lui, et, à une vive allure à travers ces pentes, nous amène aux pieds de ce ressaut sur une corniche où nous sommes en sécurité.

Immédiatement en avant de nous, les longues et impitoyables dalles furent balayées sans répit par une masse sifflante et hurlante de fragments de toute sorte et de toute taille. Burgener, qui pourtant avait toujours de bonnes raisons contre tous gaspillages, nous suggéra qu’il pourrait être sage de boire notre champagne et de consommer nos autres vivres, avant qu’un sort moins convenable ne nous les enlevât. Le sac fut débouclé, et, avec une grave et sérieuse religion, avec tous les égards dus à une aussi solennelle occasion, nous procédâmes à user de toutes les excellentes choses dont le prévoyant Seiler nous avait munis. Sous la douce


    plomb, et ce fut seulement le 28 qu’il parvint par la route du Hörnli et le sommet à descendre et à remonter ce surplomb, achevant de cette curieuse façon l’exploration de l’Arête de Furggen. Voy. Alpine Journal, XX, p. 11-20, les détails de cette course et une photographie [montrant bien la verticalité de cette terrible arête. — M. P.