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Page:Murger - Les Nuits d’hiver, 1861.djvu/277

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Henry Murger, un écrivain plein de grâce et d’originalité, un conteur charmant, un poëte, a été enlevé, en peu de jours, et au moment où ses amis commençaient à s’inquiéter sérieusement de son état. Pauvre Murger ! il ne s’est couché que pour mourir.

Il allait, il venait du journal à la librairie, de la librairie au théâtre, corrigeant ses vers, achevant la page commencée, rêvant à quelque plan de comédie nouvelle. On le rencontrait comme à l’ordinaire ; il ne paraissait ni soucieux ni triste ; souvent même il était gai par boutades, mais d’une gaieté un peu forcée et surexcitée, qui trahissait un secret malaise. Il souffrait, il ressentait déjà ies atteintes de sa mort prochaine, et il souriait pour cacher ses souffrances ; car il a toujours professé, en ce qui touchait sa personne, une indifférence extrême et un dédaigneux stoïcisme.

La dernière fois que je l’ai vu, c’est au foyer du Vaudeville. Il venait de donner une fort jolie pièce au Palais-Royal, le Serment d’Horace, et j’avais été assez heureux pour en dire tout le bien que j’en pensais. Je l’abordai vivement pour le féliciter de son succès. Il fit comme un