Page:Musset - Œuvres complètes d’Alfred de Musset. Œuvres posthumes.djvu/102

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Votre coursier sans tache, et qui ne voulait pas
Fouler aux pieds les fleurs qu’on jetait sous ses pas ;
Rappelez-vous surtout, si vous faites la guerre,
Ces trois mots que César nous écrivait naguère :
« Je suis venu, j’ai vu, j’ai vaincu ! »

Auguste.

« Je suis venu, j’ai vu, j’ai vaincu !Chère sœur,
En toute occasion j’aime à voir un grand cœur.
J’écoute avec plaisir, dans votre jeune tête,
Le vieil esprit romain respirant la conquête.
Ce coursier, dont les pas vous ont semblé si doux,
Les rois égyptiens me l’ont donné pour vous.
Livie, à votre tour, parlez ; que dois-je faire ?

Livie.

Seigneur, dans ce palais je suis presque étrangère ;
À peine aux pieds des dieux j’ai fléchi les genoux ;
J’arrive, et dans ces lieux je ne connais que vous.
Rome en ces questions est trop intéressée,
Pour qu’il me soit permis de dire ma pensée…

Auguste.

Quelle est-elle ?

Livie.

Quelle est-elle ?La paix ! J’admire et n’aime pas
Cette gloire qu’on trouve à chercher les combats.
J’en demande pardon et donnerais ma vie
Plutôt que de déplaire à ma sœur Octavie ;
Mais l’empereur a fait tout ce qu’on peut oser :
Revenant d’Actium, on peut se reposer.