Page:Musset - Œuvres complètes d’Alfred de Musset. Œuvres posthumes.djvu/230

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

idée que, malgré ses impertinences, il m’est attaché au fond de l’âme, à quoi bon ? Ne voulez-vous pas que j’entreprenne de le guérir de son humeur noire, et que je me fasse, de gaieté de cœur, la très humble servante d’un bourru malfaisant ? Non, eût-il cent belles qualités et les meilleurs sentiments du monde, son hésitation est quelque chose d’outrageant. Je rougis de ce que je viens de lui dire, je suis humiliée, je suis… je suis offensée !

Prévannes.

Je ne vois qu’un seul moyen pour accommoder cela.

La comtesse.

Et lequel ?

Prévannes.

Rendez-le jaloux.

La comtesse.

Que voulez-vous dire ?

Prévannes.

Cela s’entend. Rendez-le jaloux. Il se prononcera ; sinon, vous le mettrez à la porte, et je ne le reverrai moi-même de ma vie.

La comtesse.

Vous m’avez déjà donné un triste conseil, et je n’entends rien à ces finesses-là.

Prévannes.

Bon ! des finesses ? un moyen si simple, qu’il est usé à force d’être rebattu, un vieux stratagème qui traîne