Page:Musset - Œuvres complètes d’Alfred de Musset. Œuvres posthumes.djvu/247

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Valbrun.

Je n’ose pas, je ne peux pas, je n’oserai jamais… à moins que… pourtant…

Prévannes, à part.

Que le diable l’emporte !

Valbrun.

Si tu savais quel souvenir et quel pressentiment me poursuivent ! On peut bien être ridicule quand on aime, mais on ne l’est pas quand on souffre.

Prévannes.

Et de quoi souffres-tu, je te prie ? Pousse cette porte, elle t’attend.

Valbrun.

Oui, le bonheur est peut-être là, derrière cette porte… je ne puis l’ouvrir… je reculerais sur le seuil… l’espérance ne veut plus de moi.

Prévannes.

Pousse donc cette porte, te dis-je ! Tiens, Henri, sais-tu, en ce moment, de quoi tu as l’air ? Tu ressembles, révérence parler, à un âne qui n’ose pas franchir un ruisseau.

Valbrun.

Comme tu voudras. Toi qui te railles de ma souffrance, n’as-tu jamais été trahi ? Je veux croire, si cela te plaît, que tu n’as point rencontré de cruelles ; n’en as-tu pas trouvé de perfides, de malfaisantes ?

Prévannes.

Quelquefois, comme un autre.