Page:Musset - Œuvres complètes d’Alfred de Musset. Œuvres posthumes.djvu/248

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Valbrun.

Ah ! malheur à celle qui vous donne cette triste expérience ! une femme inconstante devient notre bourreau. Insensible à tout ce qu’on souffre, c’est l’âme la plus dure, la plus implacable ! En vous offrant son amitié, quand elle vous ôte son amour, elle croit s’acquitter de tout ! et quelle amitié ! Ce n’en est pas seulement l’apparence : nulle franchise, nulle confiance ; ce n’est qu’un mensonge perpétuel, un supplice de tous les instants, trop heureux si l’on en mourait !

Prévannes, à part.

Décidément, il faut avoir recours aux moyens héroïques ; où mettrai-je cette lettre ?… dans son chapeau ?… Non, il pourrait deviner… Ah ! j’y suis !… dans le mien.

Il met la lettre dans son chapeau.

Et pour qu’il la trouve…

Il prend le chapeau de Valbrun.

Adieu, Henri. Après tout, tu as peut-être raison. La comtesse, avec ses beaux yeux, n’en a pas moins la tête un peu légère !…

Valbrun.

Le penses-tu ?

Prévannes.

Qui sait ! elle est femme.

Valbrun.

Mais encore… la crois-tu capable ?…