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II

À M. DESHERBIERS, AU MANS.


Je t’envoie, mon cher oncle, ces poèmes dont tu as entendu une partie. Lire et entendre sont deux, comme tu sais ; mais tu ne seras pas pour eux plus sévère que moi, et je te demande toute la franchise possible.

Je te demande grâce pour des phrases contournées ; je m’en crois revenu. Tu verras des rimes faibles ; j’ai eu un but en les faisant, et sais à quoi m’en tenir sur leur compte ; mais il était important de se distinguer de cette école rimeuse, qui a voulu reconstruire et ne s’est adressée qu’à la forme, croyant rebâtir en replâtrant.

Ma préface est impertinente ; cela était nécessaire pour l’effet ; mais elle n’attaque personne, et il est très facile de lui prêter différents sens.

Quant aux rythmes brisés des vers, je pense là-dessus qu’ils ne nuisent pas dans ce que l’on peut appeler le récitatif, c’est-à-dire la transition des sentiments ou des actions. Je crois qu’ils doivent être rares dans le reste. Cependant Racine en faisait usage.

Je te demanderai de t’attacher plus aux compositions qu’aux détails ; car je suis loin d’avoir une ma-