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XXIV

À SON FRÈRE, EN ITALIE.


Lundi 22 mai (1843).


Je te remercie de ta lettre, mon cher ami. Elle m’a fait grand plaisir, à moi d’abord, comme disait notre ami De Guer, et ensuite à d’autres. J’ai montré ce soir même à madame J… ton dessin catanais. — Elle m’a chargé de te dire qu’elle ne t’écrira pas tant que tu seras en Sicile, parce qu’elle a peur d’une éruption et qu’il ne resterait plus, dans un monceau de cendres, que ta poche et sa lettre.

Puisque je te parle de la rue T…, tu sauras que, depuis peu, on y est pris d’une rage de magnétisme. C’est la chose du monde la plus curieuse. J’ai assisté à un certain nombre de séances. Ce que j’ai vu d’abord m’avait presque rendu incrédule. Le petit Alexis (c’est le nom d’un somnambule) a été collé trois fois de suite par moi, dans une séance à laquelle, par parenthèse, assistait Paulinette, qui nous a chanté un air de Palestrina, une sicilienne, qui est la plus belle chose qu’on puisse entendre.

Trois fois de suite, à peu près, je n’ai donc vu que