Page:Musset - Œuvres complètes d’Alfred de Musset. Comédies I.djvu/121

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André.

Elle ne répondra pas.] Ô comble de misère ! Je supplie, Lionel, lorsque je devrais punir ! Ne me juge pas, mon ami, comme tu pourrais faire un autre homme. Je suis un homme sans caractère, vois-tu ! j’étais né pour vivre tranquille.

Lionel.

Sa douleur me confond malgré moi.

André.

Ô honte ! ô humiliation ! elle ne répondra pas. Comment en suis-je venu là ? Sais-tu ce que je lui demande ? Ah ! la lâcheté elle-même en rougirait, Lionel ; je lui demande de revenir à moi.

Lionel.

Est-ce possible ?

André.

Oui, oui, je sais tout cela. J’ai fait un éclat : eh bien ! dis-moi, qu’y ai-je gagné ? Je me suis conduit comme tu l’as voulu ; eh bien ! je suis le plus malheureux des hommes. Apprends-le donc, je l’aime, je l’aime plus que jamais !

Lionel.

Insensé !

André.

[Crois-tu qu’elle y consente ? Il faut me pardonner d’être un lâche. Mon père était un pauvre ouvrier. Ce Paolo ne viendra pas. Je ne suis point un gentilhomme ;