Page:Musset - Œuvres complètes d’Alfred de Musset. Comédies I.djvu/185

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Marianne.

C’est une fâcheuse affaire sans doute, et votre cœur en doit ressentir un vide effroyable.

Octave.

Un vide que je ne saurais exprimer et que je communique en vain à cette large coupe. Le carillon des vêpres m’a fendu le crâne pour tout l’après-dînée.

Marianne.

Dites-moi, cousin, est-ce du vin à quinze sous la bouteille que vous buvez ?

Octave.

N’en riez pas ; ce sont les larmes du Christ en personne.

Marianne.

Cela m’étonne que vous ne buviez pas du vin à quinze sous ; buvez-en, je vous en supplie.

Octave.

Pourquoi en boirais-je, s’il vous plaît ?

Marianne.

Goûtez-en ; je suis sûre qu’il n’y a aucune différence avec celui-là.

Octave.

Il y en a une aussi grande qu’entre le soleil et une lanterne.

Marianne.

Non, vous dis-je, c’est la même chose.

Octave.

Dieu m’en préserve ! Vous moquez-vous de moi ?