Page:Musset - Œuvres complètes d’Alfred de Musset. Comédies I.djvu/196

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ici, ne croirait-on pas, à vous entendre, que c’est pour vous que vous plaidez ?

Octave.

Marianne ! Marianne ! au nom du ciel, ne souriez pas ! ne fermez pas votre cœur au premier éclair qui l’ait peut-être traversé ! Ce caprice de bonté, ce moment précieux va s’évanouir. — [Vous avez prononcé le nom de Cœlio, vous avez pensé à lui, dites-vous. Ah ! si c’est une fantaisie, ne me la gâtez pas. — Le bonheur d’un homme en dépend.]

Marianne.

Êtes-vous sûr qu’il ne me soit pas permis de sourire ?

Octave.

Oui, vous avez raison, je sais tout le tort que mon amitié peut faire. Je sais qui je suis, je le sens ; un pareil langage dans ma bouche a l’air d’une raillerie. Vous doutez de la sincérité de mes paroles ; jamais peut-être je n’ai senti avec plus d’amertume qu’en ce moment le peu de confiance que je puis inspirer.

Marianne.

Pourquoi cela ? vous voyez que j’écoute. Cœlio me déplaît ; je ne veux pas de lui. Parlez-moi de quelque autre, de qui vous voudrez. [Choisissez-moi dans vos amis un cavalier digne de moi ; envoyez-le-moi, Octave. Vous voyez que je m’en rapporte à vous.]

Octave.

Ô femme trois fois femme ! Cœlio vous déplaît, — mais le premier venu vous plaira. L’homme qui vous