Page:Musset - Œuvres complètes d’Alfred de Musset. Comédies I.djvu/29

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la plus indifférente de sa vie ; car c’est la paresse personnifiée, que le prince. « Quoi ! monseigneur, lui dis-je, sans l’avoir vue ! — Raison de plus, » me dit-il ; ce fut toute sa réponse. Je laissai en partant toute la cour bouleversée et dans une rumeur épouvantable.

Le Marquis.

Cela se conçoit… Eh ! eh ! — Du reste, monseigneur n’aurait pu se fournir d’un procureur plus parfaitement convenable que vous-même, monsieur le secrétaire intime. J’espère que vous voudrez bien m’en croire persuadé. J’ai encore perdu.

Le secrétaire.

Vous jouez d’un singulier malheur.

Le Marquis.

Oui, n’est-il pas vrai ? Cela est fort remarquable. Un de mes amis, homme d’un esprit enjoué, me disait plaisamment avant-hier, à la table de jeu d’un des principaux sénateurs de cette ville, que je n’aurais qu’un moyen de gagner, ce serait de parier contre moi.

Le secrétaire.

Ah ! ah ! c’est juste !

Le Marquis.

Ce serait, lui répondis-je, ce qu’on pourrait appeler un bonheur malheureux. Eh ! eh !

Il rit.
Le secrétaire.

Absolument.