Non, je le vois, rien ne peut vous résister ! Ah ! qu’il me tarde d’être à la cour ! Mais ces breuvages inconnus, ces mystérieux talismans, où les trouverai-je, seigneur chevalier ?
Cela est difficile ; cependant je vous ferai une confidence : tenez, si vous avez de l’argent, c’est le meilleur talisman que vous puissiez trouver.
Dieu merci ! je n’en manque pas ; mon père est le plus riche seigneur du pays. La veille de mon départ, il m’a donné une bonne somme, et ma tante Béatrix, qui pleurait, m’a aussi glissé dans la main une jolie bourse qu’elle a brodée. Mes chevaux sont gras et bien nourris, mes valets bien vêtus, et je ne suis pas mal tourné.
C’est à merveille, et il n’en faut pas davantage.
Le pire de l’affaire, c’est que je ne sais rien ; non, je ne puis rien retenir par cœur. Les mains me tremblent à propos de tout quand je parle aux femmes.
Videz donc votre verre. Pour réussir dans le monde, seigneur Rosemberg, retenez bien ces trois maximes : Voir, c’est savoir ; vouloir, c’est pouvoir ; oser, c’est avoir.