Page:Musset - Œuvres complètes d’Alfred de Musset. Comédies I.djvu/400

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Ainsi vous remplirez la première maxime : Voir, c’est savoir, — et vous passerez pour expérimenté.

Rosemberg

Continuez, de grâce ; je me sens tout autre, et je bénis en moi-même le hasard qui m’a fait vous rencontrer dans cette auberge.

Le chevalier

Quand une fois vous aurez bien prouvé aux femmes que vous vous moquez d’elles avec la plus grande politesse et un respect infini, attaquez les hommes. Je n’entends pas par là qu’il faille vous en prendre à eux ; tout au contraire, n’ayez jamais l’air de vous occuper ni de ce qu’ils disent, ni de ce qu’ils font. Soyez toujours poli, mais paraissez indifférent. Faites-vous rare, on vous aimera, — c’est un proverbe des Turcs. Par là, vous gagnerez un grand avantage. À force de passer partout en silence et d’un air dégagé, on vous regardera quand vous passerez. Que votre mise, votre entourage, annoncent un luxe effréné ; attirez constamment les yeux. Que cette idée ne vous vienne jamais de paraître douter de vous, car aussitôt tout le monde en doute. Eussiez-vous avancé par hasard la plus grande sottise du monde, n’en démordez pas pour un diable, et faites-vous plutôt assommer.

Rosemberg

Assommer !

Le chevalier

Oui, sans aucun doute. Enfin, agissez-en ni plus ni