Page:Musset - Œuvres complètes d’Alfred de Musset. Comédies I.djvu/435

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Kalérairi

Il ne connaît pas le comte Ulric.

Barberine

Comment ! il ne le connaît pas ?

Kalérairi

Non. Il a parlé au portier L’Uscoque, et il lui a demandé s’il aimait son maître. Il m’a demandé aussi si je vous aimais. Il ne nous connaît pas.

Barberine

Que tu es folle ! voilà les belles preuves qui te donnent sur lui des soupçons ! et quel grand crime penses-tu donc qu’il médite ?

Kalérairi

Quand j’ai été à Janina, un chrétien est venu qui aimait ma maîtresse ; il a donné aussi beaucoup d’or aux esclaves, et on l’a coupé en morceaux.

Barberine

Miséricorde ! comme tu y vas ! voyez-vous la petite lionne ! et tu te figures apparemment que ce jeune homme vient tenter ma conquête ? N’est-ce pas là le fond de ta pensée ?

Kalékairi fait signe que oui.

Eh bien ! ma chère, sois sans inquiétude. Tu peux laisser là tes frayeurs et tes petits moyens par trop asiatiques. Je n’imagine point qu’un inconnu vienne de prime abord me parler d’amour. Mais supposons qu’il en soit ainsi, tu peux être bien assurée… Voici notre