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Page:Musset - Œuvres complètes d’Alfred de Musset. Comédies I.djvu/467

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qui n’est pas longue, car elle ne contient qu’un mot : « Venez. » Signé : « Kalékairi. » Qui a écrit cela ?

Kalérairi

C’est moi, madame.

La Reine

Tu as peu et bien dit, c’est un talent rare. Maintenant, messieurs, voici l’autre.

Elle lit.
« Mon très cher et honoré mari,

« Nous venons d’avoir au château la visite du jeune baron de Rosemberg, qui s’est dit votre ami et envoyé par vous. Bien qu’un secret de cette nature soit ordinairement gardé par une femme avec justice, je vous dirai toutefois qu’il m’a parlé d’amour. J’espère qu’à ma prière et recommandation vous n’en tirerez aucune vengeance, et que vous n’en concevrez aucune haine contre lui. C’est un jeune homme de bonne famille, et point méchant. Il ne lui manquait que de savoir filer, et c’est ce que je vais lui apprendre. Si vous avez occasion de voir son père à la cour, dites-lui qu’il n’en soit point inquiet. Il est dans notre grand’salle, au premier étage, où il a une quenouille avec un fuseau, et il file, ou il va filer. Vous trouverez extraordinaire que j’aie choisi pour lui cette occupation, mais, comme j’ai reconnu qu’avec de bonnes qualités il ne manquait que de réflexion, j’ai pensé que c’était pour le mieux de lui apprendre ce métier