Page:Musset - Œuvres complètes d’Alfred de Musset. Comédies I.djvu/66

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divine qui traversera les siècles futurs, comme elle a fait des siècles passés. Retiendras-tu cela, Césario ? Et maintenant, va travailler ; à l’ouvrage ! à l’ouvrage ! la vie est si courte !

Il le pousse dans l’atelier. — À Lionel.

Nous vieillissons, mon pauvre ami. La jeunesse ne veut plus guère de nous. Je ne sais si c’est que le siècle est un nouveau-né, ou un vieillard tombé en enfance.

Lionel.

Mort de Dieu ! il ne faut pas que vos nouveaux venus m’échauffent par trop les oreilles ! je finirai par garder mon épée pour travailler.

André.

Te voilà bien, avec tes coups de rapière, brave Lionel ! On ne tue plus aujourd’hui que les moribonds ; le temps des épées est passé en Italie. Allons, allons, mon vieux, laisse dire les bavards, et tâchons d’être de notre temps, jusqu’à ce qu’on nous enterre.

Damien entre.

Eh bien ! mon cher Damien, Cordiani vient-il aujourd’hui ?

Damien.

Je ne crois pas qu’il vienne, il est malade.

André.

Malade, lui ! Je l’ai vu hier soir, il ne l’était point. Sérieusement malade ? Allons chez lui, Damien. Que peut-il avoir ?