Page:Musset - Œuvres complètes d’Alfred de Musset. Comédies I.djvu/67

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Damien.

N’allez pas chez lui, il ne saurait vous recevoir. Il s’est enfermé pour la journée.

André.

Oh ! non pas pour moi. Allons, Damien.

Damien.

Sérieusement, il veut être seul.

André.

Seul ! et malade ! tu m’effrayes. Lui est-il arrivé quelque chose ? une dispute ? un duel ? violent comme il est ! Ah ! mon Dieu ! mais qu’est-ce donc ? il ne m’a rien fait dire ; il et blessé, n’est-ce pas ? Pardonnez-moi, mes amis ;…

Aux peintres qui sont restés et qui l’attendent.


mais vous le savez, c’est mon ami d’enfance, c’est mon meilleur, mon plus fidèle compagnons.

Damien.

Rassurez-vous ; il ne lui est rien arrivé. Une fièvre légère ; demain vous le verrez bien portant.

André.

Dieu le veuille ! Dieu le veuille ! Ah ! que de prières j’ai adressées au ciel pour la conservation d’une vie aussi chère ! Vous le dirai-je, ô mes amis ! dans ces temps de décadence où la mort de Michel-Ange nous a laissés, c’est en lui que j’ai mis mon espoir ; c’est un cœur chaud, et un bon cœur. La Providence ne laisse pas s’égarer de telles facultés ! Que de fois, assis derrière lui, tandis qu’il parcourait du haut en bas son échelle,