Page:Musset - Œuvres complètes d’Alfred de Musset. Comédies I.djvu/68

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une palette à la main, j’ai senti se gonfler ma poitrine, j’ai étendu les bras, prêt à le serrer sur mon cœur, à baiser ce front si jeune et si ouvert, d’où le génie rayonnait de toutes parts ! Quelle facilité ! quel enthousiasme ! mais quel sévère et cordial amour de la vérité ! Que de fois j’ai pensé avec délices qu’il était plus jeune que moi ! Je regardais tristement mes pauvres ouvrages, et je m’adressais en moi-même aux siècles futurs : voilà tout ce que j’ai pu faire, leur disais-je, mais je vous lègue mon ami.

Lionel.5

Maître, un homme est là qui vous appelle.

André.

Qu’est-ce ? qu’y a-t-il ?

Un domestique.

Les chevaux sont sellés ; Grémio est prêt, Monseigneur.

André.

Allons, je vous dis adieu ; je serai à l’atelier dans deux heures.

À Damien.

Mais il n’a rien ? Rien de grave, n’est-ce pas ? Et nous le verrons demain ? Viens donc souper avec nous ; et si tu vois Lucrèce, dis-lui que je vais à la ferme, et que je reviens.

Il sort.