Page:Musset - Œuvres complètes d’Alfred de Musset. Comédies I.djvu/95

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André.

Vous ne portez plus de bagues ? Les vôtres vous déplaisent ? Ah ! je me trompe, en voici une que je ne connaissais pas encore.

Lucrèce.

Cette scène, en vérité, m’a effrayée. Je ne puis vous cacher que je suis souffrante.

André.

Montrez-moi cette bague, Lucrèce ; est-ce un cadeau ? est-il permis de l’admirer ?

Lucrèce, donnant la bague.

C’est un cadeau de Marguerite, mon amie d’enfance.

André.

C’est singulier, ce n’est pas son chiffre ! pourquoi donc ? c’est un bijou charmant, mais bien fragile. Ah ! mon Dieu, qu’allez-vous dire ? je l’ai brisé en le prenant.

Lucrèce.

Il est brisé ? mon anneau brisé ?

André.

Que je m’en veux de cette maladresse ! Mais, en vérité, le mal est sans ressource.

Lucrèce.

N’importe ! rendez-le-moi tel qu’il est.

André.

Qu’en voudriez-vous faire ? l’orfèvre le plus habile n’y pourrait trouver remède.

Il le jette à terre et l’écrase.