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de sanglots ; mais il y aura peut-être de l’autre une goutte de lait pur tombée du sein de Catherine, et qui aura nourri d’honnêtes enfants.

Il sort.



Scène VI

Une vallée ; un couvent dans le fond.
Entrent PHILIPPE STROZZI et deux moines ; des novices portent le cercueil de Louise ; ils le posent dans un tombeau.
Philippe.

Avant de la mettre dans son dernier lit, laissez-moi l’embrasser. Lorsqu’elle était couchée, c’est ainsi que je me penchais sur elle pour lui donner le baiser du soir. Ses yeux mélancoliques étaient ainsi fermés à demi ; mais ils se rouvraient au premier rayon du soleil, comme deux fleurs d’azur ; elle se levait doucement, le sourire sur les lèvres, et elle venait rendre à son vieux père son baiser de la veille. Sa figure céleste rendait délicieux un moment bien triste, le réveil d’un homme fatigué de la vie. Un jour de plus, pensais-je en voyant l’aurore, un sillon de plus dans mon champ ! Mais alors j’apercevais ma fille, la vie m’apparaissait sous la forme de sa beauté, et la clarté du jour était la bienvenue.

On ferme le tombeau.
Pierre Strozzi, derrière la scène.

Par ici, venez par ici.