Page:Musset - Œuvres complètes d’Alfred de Musset. Comédies II.djvu/250

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Landry.

Puis le silence, les rideaux qui se tirent, et la lueur qui disparaît.

Fortunio.

Si j’avais été à ta place, je serais resté jusqu’au jour.

Guillaume.

Est-ce que tu es amoureux de Jacqueline ? Tu aurais fait là un joli métier !

Fortunio.

Je jure devant Dieu, Guillaume, qu’en présence de Jacqueline je n’ai jamais levé les yeux. Pas même en songe, je n’oserais l’aimer. Je l’ai rencontrée au bal une fois ; ma main n’a pas touché la sienne, ses lèvres ne m’ont jamais parlé. De ce qu’elle fait ou de ce qu’elle pense, je n’en ai de ma vie rien su, sinon qu’elle se promène ici l’après-midi, et que j’ai soufflé sur nos vitres pour la voir marcher dans l’allée.

Guillaume.

Si tu n’es pas amoureux d’elle, pourquoi dis-tu que tu serais resté ? Il n’y avait rien de mieux à faire que ce qu’a fait justement Landry : aller conter nettement la chose à maître André, notre patron.

Fortunio.

Landry a fait comme il lui a plu. Que Roméo possède Juliette ! je voudrais être l’oiseau matinal qui les avertit du danger.

Guillaume.

Te voilà bien, avec tes fredaines ! Quel bien cela