Page:Musset - Œuvres complètes d’Alfred de Musset. Comédies II.djvu/256

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Jacqueline.

Oui, entrez là ; demandez un clerc qui s’appelle Fortunio. Qu’il vienne ici ; j’ai à lui parler.

Le jardinier sort. Un instant après entre Fortunio.
Fortunio.

Madame, on se trompe sans doute ; on vient de me dire que vous me demandiez.

Jacqueline.

Asseyez-vous, on ne se trompe pas. — Vous me voyez, monsieur Fortunio, fort embarrassée, fort en peine. Je ne sais trop comment vous dire ce que j’ai à vous demander, ni pourquoi je m’adresse à vous.

Fortunio.

Je ne suis que troisième clerc ; s’il s’agit d’une affaire d’importance, Guillaume, notre premier clerc, est là ; souhaitez-vous que je l’appelle ?

Jacqueline.

Mais non. Si c’était une affaire, est-ce que je n’ai pas mon mari ?

Fortunio.

Puis-je être bon à quelque chose ? Veuillez parler avec confiance. Quoique bien jeune, je mourrais de bon cœur pour vous rendre service.

Jacqueline.

C’est galamment et vaillamment parler ; et cependant, si je ne me trompe, je ne suis pas connue de vous.

Fortunio.

L’étoile qui brille à l’horizon ne connaît pas les yeux