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Page:Musset - Œuvres complètes d’Alfred de Musset. Comédies II.djvu/368

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Valentin.

Je suis sûr qu’elle va se retourner.

Van Buck.

Non, elle avance ; la touffe d’arbres approche. Je suis convaincu qu’elle n’en fera rien.

Valentin.

Elle doit pourtant nous voir, rien ne nous cache ; je vous dis qu’elle se retournera.

Van Buck.

Elle a passé, tu as perdu.

Valentin.

Je vais lui écrire, ou que le ciel m’écrase ! Il faut que je sache à quoi m’en tenir. C’est incroyable qu’une petite fille traite les gens aussi légèrement. Pure hypocrisie ! pur manège ! Je vais lui dépêcher un billet en règle ; je lui dirai que je meurs d’amour pour elle, que je me suis cassé le bras pour la voir, que si elle me repousse je me brûle la cervelle, et que si elle veut de moi je l’enlève demain matin. [Venez, rentrons, je veux écrire devant vous.]

Van Buck.

Tout beau, mon neveu ! quelle mouche vous pique ? Vous nous ferez quelque mauvais tour ici.

Valentin.

Croyez-vous donc que deux mots en l’air puissent signifier quelque chose ? Que lui ai-je dit que d’indifférent, et que m’a-t-elle dit elle-même ? Il est tout simple qu’elle ne se retourne pas. Elle ne sait rien, et je n’ai rien su