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Page:Musset - Œuvres complètes d’Alfred de Musset. Comédies II.djvu/53

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tracer d’une main légère une ligne mince et pure comme un cheveu sur ce papier blanc ! qu’il t’est facile de bâtir des palais et des villes avec ce petit compas et un peu d’encre ! Mais l’architecte qui a dans son pupitre des milliers de plans admirables ne peut soulever de terre le premier pavé de son édifice, quand il vient se mettre à l’ouvrage avec son dos voûté et ses idées obstinées. Que le bonheur des hommes ne soit qu’un rêve, cela est pourtant dur ; que le mal soit irrévocable, éternel, impossible à changer, non ! Pourquoi le philosophe qui travaille pour tous regarde-t-il autour de lui ? voilà le tort. Le moindre insecte qui passe devant ses yeux lui cache le soleil : allons-y donc plus hardiment ; la république, il nous faut ce mot-là. Et quand ce ne serait qu’un mot, c’est quelque chose, puisque les peuples se lèvent quand il traverse l’air… Ah ! bonjour, Léon.

Entre le prieur de Capoue.
Le prieur.

Je viens de la foire de Montolivet.

Philippe.

Était-ce beau ? Te voilà aussi, Pierre ? Assieds-toi donc ; j’ai à te parler.

Entre Pierre Strozzi.
Le prieur.

C’était très beau, et je me suis assez amusé, sauf certaine contrariété un peu trop forte que j’ai quelque peine à digérer.